mon travail
Quand je travaille, j'entre dans une relation sensorielle avec la matière, non seulement par le regard, mais par l'écoute de son froissement, crissement, craquement, ainsi que du bruit de mes gestes dessus, avec, dedans, à travers ; par l'odorat, le toucher, voire le goût. Cette relation construit une palette de sensations qui entrent dans l'élaboration de l'œuvre, dont la production peut s'apparenter à une chorégraphie entre mon corps et la matière - tant le support que les outils, les médiums et l'espace de l'atelier, avec sa lumière propre à chaque moment.
J'aime que la matière continue à travailler après la fin de mon geste : étalement, coulure, dilution, effacement... et je me régale à contempler ces processus.
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Mon regard s'apparente peut-être à celui de Mark Rothko pour les transparences et les lumières. Quant à la conception de l'espace, je ressens une parenté avec des artistes comme Sean Scully ou Günther Förg, et avec les écrits de Lee Ufan. Concernant la sculpture et le bois, j'admire la façon dont Penone fait raconter au bois sa propre histoire d'arbre.
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L'œuvre produite, qu'elle soit figuration, évocation ou abstraction, en deux ou en trois dimensions, n'est jamais une image ou quoi que ce soit de virtuel ; elle est matériau mis en œuvre, elle est matière, vivante ou témoin de vie, prête à entrer en relation avec tout regardeur.
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C'est pourquoi je montre rarement des photos d'œuvres. Je montre plus volontiers des photos d'expositions, de mises en situation, en manière de reportage d'une expérience et non de reproduction d'une image 2D ou 3D.